« Capacitisme » (La pensée végane)

Couverture du livre "La pensée végane".

Je signe l’entrée sur le capacitisme dans l’excellent recueil dirigé par Renan Larue, La pensée végane. 50 regards sur la condition animale, paru aux Presses universitaires de France à l’automne 2020.

Le livre contient une cinquantaine de textes introductifs, à la fois accessibles et fouillés, et pour la plupart inédits, sur les thèmes suivants :

  • Abolitionnisme, par Valéry Giroux (Université de Montréal)
  • Action directe, par Jérôme Segal (Université de Paris Sorbonne)
  • Agriculture végane, par Jean-Claude Larue (chercheur indépendant) et Renan Larue (UC Santa Barbara)
  • Ahimsa, par Jonathan Dickstein (UC Santa Barbara)
  • Altruisme efficace, par Estiva Reus (Université de Bretagne occidentale)
  • Anthropomorphisme, par Françoise Armengaud (Université de Paris – Nanterre)
  • Bien-être animal et bien public : une approche économique, par Romain Espinosa (CRNS)
  • Capacitisme, par Frédéric Côté-Boudreau (Queen’s University)
  • Capitalisme, par John Sanbonmatsu (Worcester Polytechnic Institute)
  • Carnisme, par Élise Desaulniers (chercheuse indépendante) et Martin Gibert (UdeM)
  • Chasse, par Pierre Rigaux (chercheur indépendant)
  • Christianisme, par Olivier Bauer (Université de Lausanne)
  • Darwinisme, par Florian Couturier (Université de Grenoble)
  • Décroissance, par Yves-Marie Abraham (HEC Montréal)
  • Déontologisme, par Jean-Yves Goffi (Université de Grenoble)
  • Droit animalier, par Sabine Brels (Université de Toulon)
  • Droits des animaux, par Enrique Utria (Université de Rouen)
  • Empreinte environnementale de l’agriculture et de l’élevage, par David Cleveland (UCSB) et Jennifer Jay (UCLA)
  • Expérimentation animale, par Thomas Lepeltier (Oxford Center for Animal Ethics)
  • Féminisme, par Axelle Playoust-Braure
  • Gastronomie végétalienne, par Jérôme Segal (Université de Paris Sorbonne)
  • Générations futures, par Quentin Gee (UC Santa Barbara)
  • Humanisme, par Yves Bonnardel (chercheur indépendant)
  • Industrie végane, par Nina Gheighman (Harvard University)
  • Intervention dans la nature, par Vincent Duhamel (Université de Montréal)
  • Militantisme, par Romain Espinosa (CNRS)
  • Nature, par Yves Bonnardel (chercheur indépendant)
  • Paradoxe de la viande, par Laurent Bègue Shankland (Université de Grenoble – IUF)
  • Pêche et aquaculture, par Pierre Sigler (chercheur indépendant)
  • Philosophie des Lumières, par Renan Larue (UC Santa Barbara)
  • Politisation du véganisme, par Renan Larue (UC Santa Barbara)
  • Prédation, par Andrée-Anne Cormier (York University) et Mauro Rossi (Université du Québec à Montréal)
  • Préjugés envers les animaux, par Laurent Bègue Shankland (Université de Grenoble – IUF)
  • Pureté, purisme, par Christophe Al-Saleh (Université de Picardie Jules-Verne)
  • Rahma (précepte de l’Islam), par Ghazala Anwar (Star King School for the Ministry)
  • Refuges d’animaux, par Sue Donaldson (Queen’s University)
  • Régime de Pythagore, par Renan Larue (UC Santa Barbara)
  • Spécisme, par François Jaquet (Université de Montréal)
  • Théorie de la vertu, par Enrique Utria (Université de Rouen)
  • Tza’ar Baalei Chayim (précepte du judaïsme), par Jeffrey Cohan (Jewish Veg)
  • Utilitarisme, par Émilie Dardenne (Université de Rennes II)
  • Véganisme pragmatique, par Tobias Leenaert
  • Végéphobie, par Fabien Carrié (FRS-FNRS)
  • Végétariens relaps et autres mangeurs atypiques, par Estiva Reus (Université de Bretagne occidentale)
  • Viande cellulaire, par Jan Dutkiewicz (Concordia University)
  • Viande heureuse, par Renan Larue (UC Santa Barbara)
  • Violence linguistique, par Marie-Claude Marsolier (Muséum national d’Histoire naturelle)
  • Vulnérabilité animale, par Angela Martin (Universität Basel)
  • Zoopolis, par Kristin Voigt (McGill University)

Extrait de mon texte :

Alors que le spécisme concerne la discrimination fondée sur l’appartenance à une espèce donnée, le capacitisme (ou « validisme ») est la discrimination reposant sur les capacités d’un individu. Il affecte ainsi les personnes ayant un handicap physique et/ou intellectuel. À première vue, combattre le spécisme et combattre le capacitisme devraient aller de pair. Étant donné que nous ne sommes responsables ni des capacités dont nous héritons ni de l’espèce à laquelle nous appartenons, il est injuste que nos droits soient restreints ou niés pour ces seules raisons. Certains penseurs estiment d’ailleurs qu’à sa source même, le spécisme est fondamentalement une forme de capacitisme. Les animaux non humains seraient en effet exclus de la pleine considération morale au motif qu’ils seraient notamment dépourvus de la capacité de raisonner, d’agir moralement ou bien de mener des luttes politiques. Et pourtant, les relations entre le mouvement antispéciste et le mouvement des droits du handicap sont à couteaux tirés et, dans le monde universitaire, les recherches sur ces deux thèmes se sont largement développées en parallèle. C’est seulement depuis quelques années que des penseurs et des activistes cherchent à jeter des ponts entre les deux. Pour plusieurs d’entre eux, les théoriciens et les militants de chacune de ces deux traditions gagneraient à mieux se comprendre. Nous nous proposons ici de rendre compte des tensions entre ces deux champs avant d’examiner les propositions visant à réconcilier leurs approches.

Du site des PUF :

Renan Larue est professeur de littérature à l’Université de Californie à Santa Barbara. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux questions végétarienne et végane, notamment Le Végétarisme et ses ennemis (Puf, 2015) pour lequel il a reçu le prix La Bruyère de l’Académie française.

Pour se procurer au Québec ce beau livre de 650 pages, je recommande de faire affaire avec la Librairie Zone libre qui contient une section spécialisée en éthique animale.