Pourquoi?

Je suis un défenseur du véganisme, de l’antispécisme et de l’abolition de l’exploitation animale. Pourquoi?

Une question de justice

Les animaux ne sont pas des objets. Ce sont des personnes, c’est-à-dire des entités ayant une vie psychologique, émotionnelle et affective. Comme nous, ils fuient la douleur et la peur et recherchent le plaisir et le confort. Comme nous, ils ont un intérêt à ne pas souffrir, un intérêt à rester en vie et un intérêt à être libres. Qu’est-ce qui justifie que nous ignorions leurs intérêts?

On pourrait penser que le fait que les animaux ne soient pas humains constitue une différence pertinente pour les considérer différemment, peut-être pour leur accorder moins d’importance. Mais ce faisant, il faudrait expliquer en quoi le caractère « être humain » est moralement pertinent. Oui, l’humanité est capable de choses grandioses (et aussi de choses horribles); de manière générale, nous sommes capables de délibération morale et de comportements moraux; nous sommes aussi des êtres rationnels, dotés de langage. Cependant, il ne faut pas oublier que ce ne sont pas tous les humains qui correspondent à ces qualités, comme les enfants, les personnes ayant une sévère déficience intellectuelle et les personnes âgées séniles. Pourtant, rares sont ceux qui considèrent que ces « cas marginaux » (tels qu’ils sont appelés dans la littérature, de manière regrettable) ne méritent pas de droits ou qu’ils en méritent moins. Qui trouverait acceptable d’élever des enfants dans le but de recueillir leurs organes ou prendre leur peau dans le but d’en faire des souliers? Qui soutient que l’on peut faire des expérimentations médicales invasives sur les personnes ayant une sévère déficience intellectuelle? Et tout cela, sans compter que les foetus, les embryons et même les cellules souches humaines font partie de l’espèce humaine. Or, force est de croire que l’appartenance à l’espèce humaine n’est pas un critère déterminant, pas plus que la rationalité, l’intelligence ou le fait de pouvoir délibérer moralement.

Peut-être que les cas marginaux méritent les mêmes droits fondamentaux que les autres humains en raison de leur potentiel. Mais encore une fois, les foetus, les embryons, voire même les gamètes non fécondées, possèdent ce même potentiel : ce n’est qu’une question de temps et de probabilités. De plus, certaines personnes ayant une sévère déficience intellectuelle n’ont pas ce potentiel, alors que les personnes âgées séniles ne l’ont plus. Finalement, le problème général est qu’un potentiel ne fonde pas un statut ou un droit: un futur étudiant en médecine n’a pas le droit de pratiquer la médecine, même s’il en a le potentiel; Barack Obama, lorsqu’il avait 5 ans, n’avait pas le droit de proposer des projets de loi au Sénat et de commander l’armée américaine, même s’il avait le potentiel de devenir le président des États-Unis.

Peut-être cette différence se justifierait par le fait que nous ayons une préférence ou une affinité plus grande avec nos co-humains. En effet, qui oserait dire que les animaux doivent passer avant les humains? Si on a le choix de sauver soit un être humain, soit un chien, qui ne considère pas que nous ayons le devoir de choisir de sauver l’humain? Moi-même je le pense. Or, entre sauver notre parent/notre enfant ou sauver un étranger, nous pensons généralement que nous avons le devoir de sauver notre parent ou notre enfant avant l’étranger. Mais cela n’implique pas que l’étranger ait moins de droits. Cela implique plutôt que nos préférences ou nos affinités peuvent servir à fonder des devoirs positifs, mais cela ne signifie pas que les étrangers ou les animaux valent moins ; je n’ai pas plus le droit d’exploiter des animaux et de les tuer que j’ai le droit de le faire avec des étrangers, quand bien même dans ces deux cas, je n’ai pas d’affinités particulières avec eux.

Pour ces raisons et pour d’autres, je soutiens donc que le seul critère pour intégrer tous les humains dans la considérabilité morale n’est pas leur intelligence, ni leur sexe, ni leur appartenance raciale ou ethnique, ni leurs qualités de délibération morale, ni parce que je les aime plus que les autres, mais simplement le fait que ce sont tous des personnes, des entités qui ressentent les expériences du monde — des entités ayant des intérêts, à qui il peut leur arriver des choses bien ou mal. Ce qui leur arrive leur importe. Et si nous avons des raisons de prendre en considération ce qui arrive aux autres, nous n’avons aucune raison d’exclure les autres animaux dotés de conscience. Ils sont, au même titre que tous les êtres humains conscients, des sujets de justice. Croire le contraire constitue un préjugé que l’on appelle spécisme, et qui n’est pas différent dans sa forme du racisme ou du sexisme.

Pour un texte formidable au sujet des cas marginaux, lire l’article  « Carl Cohen’s ‘Kind’ Argument For Animal Rights and Against Human Rights » de Nathan Nobis.

Pour une introduction au sujet de l’éthique animale, je vous recommande soit d’en parler avec moi, soit de lire en français cet ouvrage (plus court) ou celui-ci (plus long, avec des informations sur la réalité de la condition animale).

Conditions d’élevage

Par exemple, pour l’alimentation, plus de 99% de la production provient de l’élevage industriel. Cette industrie, fonctionnant à la chaîne, cause de nombreuses souffrances:

mutilations sans anesthésie, cloisonnement extrême où ils peuvent à peine bouger, chaos social, séparation prématurée des mères et des enfants, stress périodique, obésité extrême, etc.

Cela est tout aussi vrai, à différents degrés, pour les élevages dits “biologiques”, “en liberté” ou “heureux”.

La Semaine verte a diffusé un reportage sur les conditions d’élevage au Québec (en 2 parties de 10 minutes chaque), où les agriculteurs ont eu droit de réponse. Ils ne nient pas tout ce qu’on consulte ailleurs au sujet des méthodes industrielles.

Le documentaire La face cachée de la viande montre aussi la réalité de l’élevage industriel :

Voici le site de la Coalition canadienne pour les animaux de la ferme qui en atteste, espèce par espèce.

Il faut prendre conscience de cette réalité, et du fait que la loi ne protège aucunement ces animaux. Mais même si c’était différent, même si les animaux ne souffraient pas de ces conditions, un important problème moral demeurerait : ils seraient encore considérés comme des choses au service des caprices humains, et non des personnes ayant le droit de vivre leur propre vie. L’abolition de l’exploitation animale est donc une nécessité pour respecter leurs intérêts.

Une hypocrisie morale

Les animaux sont victimes d’une logique de deux poids, deux mesures. D’un côté, plusieurs personnes considèrent les animaux de compagnie (les chats et les chiens, entre autres) comme étant des membres de la famille et il ne nous viendrait jamais à l’idée de les manger. D’un autre côté, nous exploitons et tuons en quantité industrielle d’autres animaux, comme les vaches, les boeufs, les cochons, les poulets, les poules, alors qu’ils sont aussi intelligents que les chiens et les chats. Surtout, ce n’est pas leur intelligence qui importe, mais plutôt le fait qu’ils sont autant capables de souffrir physiquement et psychologiquement. Il n’y a, strictement parlant, aucune différence pertinente entre un chat que l’on caresse et le cochon qui se fait transformer en charcuterie. Il est incohérent de soutenir que je n’ai pas le droit de tuer un chien, mais le droit de consommer des produits animaux.

Peu importe notre affinité avec eux, tous les animaux conscients méritent d’être considérés comme des personnes, ce qui implique un droit à la vie, un droit à ne pas souffrir et un droit de ne pas être exploités.

Campagne publicitaire de l'Association végétarienne de Montréal et de Mercy for Animals Canada.

Campagne publicitaire de l’Association végétarienne de Montréal et de Mercy for Animals Canada.

Un énorme problème environnemental

Le véganisme s’impose aussi pour des raisons environnementales, comme vous pouvez le constater avec le graphique suivant:

vegetalisme-environnement

Cliquez pour agrandir.

Tableau sur la pollution par aliments, tiré et traduit d’Environmental Working Group (2011, p. 23) :

pollution-par-aliments

Agriculture sans animaux

Il est possible de faire de l’agriculture sans intrants animaux. Ici un site sur l’agriculture véganique et un vidéo de 5 minutes sur le sujet:

Et maintenant…

Comment devenir végétalien?