Pour la journée mondiale du véganisme
Le 1er novembre marque la journée mondiale du véganisme (ou le début du mois du véganisme, c’est selon). Pour souligner l’évènement, je décide de vous parler de l’histoire de la Vegan Society.
Le mouvement végane a des sources historiques relativement lointaines et variées, comme le raconte ce e-book de 219 pages de l’historien John Davis. Il en existe des traces dans l’Antiquité et au Moyen-Âge, mais c’est surtout au XIXe siècle que le sujet se discute de plus en plus. Par exemple, en 1874 on voit paraître à New York le premier livre de cuisine végétalienne.
Il semblerait même que ceux qui se réclamaient végétariens, au milieu du XIXe siècle, étaient avant tout végétaliens. Malheureusement, de plus en plus de végétariens devenaient lacto-ovo-végétariens, c’est-à-dire qu’ils consommaient également des produits laitiers et des oeufs. C’est pour cette raison que Donald Watson décide, en 1944, d’inventer le mot vegan qui représente à la fois le début et la fin du mot vegetarian. Parce que l’expression non-dairy vegetarians commençait à être trop longue à prononcer et manquait de style. La même année, Donald Watson et quelques autres fondent The Vegan Society, la première société à défendre le véganisme, et pas uniquement au niveau alimentaire. Dès 1951, ils affirment sans nuances: “The word veganism shall mean the doctrine that man should live without exploiting animals.”

Donald Watson est mort en 2005 à l’âge de 95 ans, après 80 ans de végétarisme et 60 ans de végétalisme.
Pièce d’archive historique, on peut regarder ce documentaire qu’ils ont produit en 1976:
Je trouve fascinant de voir à quel point le discours est sensiblement le même: la consommation de produits laitiers est aussi cruelle que la consommation de viande; il est possible d’être en très bonne santé en étant végétalien et même d’élever des enfants en santé; c’est meilleur pour l’environnement et la gestion des ressources; etc. Ils parlent même déjà de vitamine B12! (On ne cessera jamais assez de répéter à quel point c’est important.) Ils parlent aussi de compost! Et de fauxmages! (Bon, je vous l’accorde, à la vue du leur, je pense qu’on a fait du progrès.)
Un autre aspect intéressant de The Vegan Society est que, puisqu’ils s’opposent à toute exploitation animale, ils ne s’appuient pas sur les recherches de santé qui ont été conduites sur les animaux non humains. Ils fondent uniquement leurs avis sur les recherches conduites sur des populations humaines. Cela est cohérent avec leur éthique, mais aussi avec un certain sens scientifique, car les modèles animaux ne se traduisent pas toujours bien à la réalité humaine.
En 2010, The Vegan Society produit Making the Connection, un nouveau documentaire qui parle de différents aspects du véganisme (cuisine, santé, environnement, agriculture véganique, nutrition, maternité). Il dure environ 30 minutes, je le trouve très bien fait et je vous encourage à le regarder et à le diffuser:
Quelle graphie pour la langue française?
Le mot vegan a donc été créé en anglais et est relativement univoque. La seule nuance est que certains préfèrent parler de plant-based diets pour faire référence à la pratique alimentaire, et d’autres spécifient ethical vegan pour parler de véganisme au sens intégral, ce qui exclut non seulement les produits animaux à des fins alimentaires mais aussi vestimentaires ainsi que le boycott des formes de « divertissement » impliquant les animaux (zoos, cirques, etc.).
En français, nous préférons réserver le terme végétalisme pour parler de l’aspect alimentaire: ce qui exclut la viande (et le poisson) ainsi que les produits laitiers et les oeufs. Pour référer la pratique large au sens intégral, il manquait un mot, et de plus en plus de personnes utilisent le mot anglais vegan. D’autres le francisent en tant que végan au masculin et végane au féminin.
Il est vrai que le terme végétalien peut porter à confusion, surtout qu’à l’oral il ressemble trop à végétarien (et c’est d’autant plus compliqué lorsqu’on veut commander au restaurant). Il est important de posséder un mot qui embrasse l’aspect éthique intrégral, et tant qu’à utiliser un mot aussi souvent, aussi bien l’intégrer dans la langue français.
Pour ma part, j’opte pour la graphie proposée par la Société Végane française dans son texte fondateur (p.3): végane en tant qu’adjectif épicène, c’est-à-dire qui ne change pas de graphie au féminin comme au masculin. La raison est que la graphie végan est souvent prononcée comme rimant avec « divan » auprès de ceux qui ne connaissent pas le terme. Végane souligne bien la prononciation du mot (comme rimant avec « mélomane » ou « tzigane ») que l’on retrouve dans la communauté végane. Et les mots épicènes, on en manque cruellement dans la langue française.
Pourquoi et comment?
Si vous n’êtes pas végane, eh bien je vous remercie d’avoir lu cet article. Si vous voulez comprendre les raisons éthiques ou environnemtales, j’ai laissé quelques pistes de réflexions sur la page Pourquoi?, bien que de nombreuses autres sources l’expliquent bien mieux que moi.
Pour connaître les aspects pratiques sur la nutrition et la cuisine, vous pouvez consulter la page Comment?. J’ai également récemment publié un texte qui propose Sept façons de devenir végétalien.
Bonne journée du véganisme!
C’est très drôle, car le mois de novembre est aussi le « mois du diabète ». Et la meilleure manière de ne pas être diabétique, ou de ne pas souffrir des conséquences du diabète, c’est de manger végétalien.
Entre le végétalisme et le véganisme, il n’y a qu’un (petit) pas.
C’est presque comme si c’était fait exprès!
:p