Il y a deux semaines, quelques chercheurs et moi-même avons créé le Réseau pour la Justice animale, sociale et environnementale (Réseau JASE)¹ dans l’objectif de mettre en commun nos réflexions, de partager nos lectures et de diffuser les conférences et activités que nous organisons ou auxquelles nous participons.

Voici la présentation officielle rédigée par Christiane Bailey:

Le Réseau JASE (justice animale, sociale et environnementale) réunit des chercheur-e-s du monde académique, des personnes du milieu communautaire et des activistes autour de l’idée selon laquelle les différentes luttes pour la justice envers les êtres humains, les autres animaux et les générations futures peuvent et doivent être solidaires.

Objectifs généraux :

• Stimuler un débat public informé sur les grandes questions éthiques et politiques qui seront au cœur des grands enjeux sociaux et économiques du XXI^e siècle
• Réfléchir aux liens entre les questions de justice sociale, internationale, intergénérationnelle et interespèce
• Encourager la réflexion sur les inégalités sociales, économiques et politiques actuelles
• Promouvoir la réflexion critique sur nos relations aux autres animaux (animaux domestiques (destinés à la compagnie ou à la boucherie), des animaux de laboratoires et des communautés animales sauvages et de leurs habitats et les divers moyens de mieux les protéger et les respecter)
• Réfléchir aux défis liés à la justice alimentaire aux niveaux local et global
• Identifier les principaux obstacles économiques et politiques au développement de relations plus justes envers les autres animaux et les générations futures
• Développer nos connaissances sur les injustices environnementales qui menacent les populations humaines et animales les plus vulnérables
• Révéler les structures d’oppression comme le sexisme, l’hétérosexisme, le racisme, le spécisme, le capacitisme autant dans les discours progressistes et que dans les médias
• Encourager le développement de pratiques alternatives au niveau local et global qui soient non seulement plus durables, mais surtout plus justes et plus respectueuses envers les autres animaux et les humains les plus vulnérables

Activités :

• Diffusion d’informations sur les réseaux sociaux et les médias grand public (comme Facebook et Twitter)
• Organisation de conférences mensuelles (ou bi-mensuelles)
• Création d’un site Internet regroupant des ressources en ligne
• Publication d’un journal bilingue en accès libre (évalué par les pairs, si possible)

De cette manière, le Réseau JASE espère participer à deux rapprochements essentiels et souvent négligés: rapprocher la cause animale des autres enjeux de justice humaine et rapprocher les activistes et les chercheurs.

1. En effet, il est temps de sortir la justice animale des cercles véganes et de l’intégrer davantage parmi les autres mouvements de justice sociale et en solidarité avec ceux-ci. Je crois que nous sommes nombreux à appeler une solidarité, mais nous ne lançons pas toujours d’initiatives pour la développer. Cette solidarité ne doit pas rester lettre morte et ne doit pas rester confinée à la simple sensibilisation individuelle, mais doit aussi passer par la promotion des autres causes morales et par l’alliance avec celles-ci. Heureusement, cela se fait davantage au sein des études animales critiques (critical animal studies) qui intègrent l’intersectionnalité dans leurs principes même et nous espérons poursuivre sur cette voie. Même si le Réseau JASE se penchera davantage sur la justice animale (étant donné que c’est la spécialité de plusieurs membres actuels et aussi parce qu’il s’agit peut-être de la cause la plus négligée et incomprise parmi les divers mouvements sociaux), il est important de laisser une place importante aux autres enjeux qui menacent la qualité de vie de tous les êtres sensibles. Loin de diviser, nous espérons que cela permettra de nous unir et de nous aider dans nos luttes ainsi que de gagner en crédibilité (afin de se défaire du mythe du végane misanthrope et monomaniaque).

2. Enfin, nous souhaitons proposer des activités et ateliers qui rassemblent et interpellent autant les chercheurs et que les activistes. Cela va de soi pour de nombreuses personnes, mais certains oublient encore qu’un mouvement social n’est pas qu’intellectuel, il est avant tout dans l’action, ce qui inclut l’échange avec la société à tous les niveaux. Les chercheurs ont autant à apprendre des activistes que les activistes ont à apprendre des chercheurs — et chacun gagne à devenir et chercher et activiste. Ce rapprochement permet à tous de parfaire leur compréhension des enjeux et leurs stratégies en plus de favoriser la solidarité. Et pour revenir au précédent point, il est aussi important de s’adresser aux chercheurs et activistes des autres mouvements sociaux.

Je suis donc très enthousiaste à voir ce collectif prendre forme et forger des alliances et lancer des projets!

Pour ceux et celles qui me suivent ici, vous pourrez également me retrouver sur la page Facebook du Réseau JASE, car la plupart de mes articles de blogue y seront maintenant partagés:

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1. Avis aux lecteurs non québécois: l’acronyme JASE fait aussi référence au verbe jaser qui signifie, au Québec, « causer, discuter ».