On fabrique de la viande comme on fabrique des voitures

On fabrique de la viande1 comme on fabrique des voitures2. La différence est que les animaux sont des individus: ils ont une vie psychologique et des intérêts propres à eux. Ils ont, par conséquent, le droit de mener leur propre vie.

Pour prendre un exemple de l’élevage industriel, on voit sur cette photo des truies gestantes. Pendant leur gestation, elles ne pourront jamais se retourner ou s’étendre sur le côté. Et par manque d’activité et de stimulation, évidemment, elles meurent d’ennui. Autrement dit, elles sont des machines à produire des bébés. Elles sont condamnées à cette situation parce qu’elles ne font pas partie de notre espèce (spécisme), parce qu’elles sont des femelles (sexisme) et parce qu’elles ne sont pas aussi mignonnes que des chiens ou des chats (hypocrisie morale). Et évidemment, parce qu’elles produisent beaucoup.

Ces formes de discrimination s’appliquent à toute forme d’exploitation animale. Dans tout élevage (incluant ceux qui prétendent se préoccuper du bien-être animal), les animaux se voient traités comme des machines ou de la marchandise, dont la valeur économique a priorité sur la valeur morale de l’individu. On réduit les animaux à leur utilité qu’ils ont pour nous servir et on tient pour acquis notre droit de les exploiter. On ne voit plus l’individu, on ne voit que la masse.

truies gestantes

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Comment tuer la veuve et l’orphelin

Vidéo très émouvant réalisé par Animal Liberation Victoria et Vegan Easy pour honorer la mémoire de ces animaux inconnus qui sont sacrifiés à perpétuité.

Perdre son innocence

Le concept d’innocence joue un rôle fondamental dans notre univers moral. L’une des pires choses qui puisse arriver est qu’une personne subisse un mal sans qu’elle l’ait mérité (si on peut mériter une telle chose). Et c’est pourquoi je demeure constamment surpris que l’innocence soit complètement ignorée lorsqu’on parle d’exploitation animale. Tout à coup, le fait que ces animaux non humains n’aient rien fait pour mériter ce sort n’est même pas un critère digne de considération. « Ils sont faits pour ça », ose-t-on dire, comme si mettre quelqu’un au monde nous autorisait à déterminer le but de sa vie et à l’exploiter. Il s’agit, bien entendu, de la logique de l’oppression, un réflexe psychologique et idéologique pour éviter de trop se remettre en question. Cette attitude n’est malheureusement pas exclusive à l’exploitation animale, car on retrouve trop de parallèles avec les autres formes d’oppression humaine.

Dans un texte magnifique mais combien percutant intitulé « The War on Compassion », la féministe antispéciste Carol J. Adams dresse de nombreux liens conceptuels et historiques entre l’oppression des groupes humains et l’oppression des animaux non humains, et essaie de comprendre comment de tels processus de désensibilisation peuvent se produire. Comment peut-on concevoir que certains groupes méritent d’être exploités et/ou exterminés?

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