W comme dans Welfarisme

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Il y a quelques semaines, j’ai été invité à contribuer au forum Vive les sociétés modernes — Abécédaire en y soumettant une entrée sur le welfarisme. Mon texte est disponible depuis le 10 octobre. Je reproduis ici l’intégralité du texte, mais vous êtes invités à lire le texte sur la page originale, à prendre connaissance des commentaires et à participer si cela vous intéresse.

W comme Welfarisme (en éthique animale)

Le mouvement de défense animale est généralement caractérisé par deux courants majeurs. D’un côté, il existe le mouvement welfariste (de l’anglais welfare qui signifie « bien-être ») qui œuvre à améliorer la qualité de vie des animaux exploités, mais sans remettre en question leur exploitation. De l’autre côté se retrouvent des théories des droits des animaux, entendues comme réclamant des droits fondamentaux et l’abolition de l’exploitation animale. Dans ce court texte, je propose de présenter les grandes lignes du welfarisme ainsi que certaines critiques qui lui sont adressées par les partisans des droits des animaux.

D’emblée, je ne crois pas que plusieurs soient contre la vertu. Je tiens pour acquis qu’il existe un consensus social sur l’idée qu’il ne faut pas faire souffrir inutilement les animaux. Même si certains psychopathes pensent le contraire, au moins, personne ne revendique que l’on pourrait faire encore plus mal aux animaux ou que planter des clous dans la tête d’un chien soit banal, par exemple. On peut certes considérer qu’il y a des causes plus importantes, mais pour le moment, essayons seulement d’analyser la question en soi.

Le problème est que ce consensus social n’est pas traduit dans les faits. De nos jours, les animaux d’élevage sont soumis à de nombreuses pratiques et conditions d’élevage souffrantes vouées à améliorer la productivité, telles que : mutilations sans anesthésie, cloisonnement extrême où les individus captifs peuvent à peine bouger, chaos social, séparation prématurée des mères et des enfants, stress périodique, obésité extrême, etc., et ce, sans oublier la mise à mort planifiée. C’est ce qu’on appelle l’élevage industriel. Et c’est la norme.

Le welfarisme s’inscrit comme une critique de l’élevage industriel qui domine le paysage agricole. En guise de solution, les welfaristes font la promotion d’élevages à petite échelle où les animaux seraient élevés humainement (attention à ne pas confondre avec l’élevage biologique et local : ceux-ci n’incluent pas nécessairement une amélioration du bien-être animal). Ils veulent que les animaux aient joui d’une belle vie avant qu’ils ne soient tués pour devenir de la viande ou qu’ils nous aient donné du lait et des œufs sans souffrir. Le problème se situe alors dans la manière de les élever. Lire la suite

La fête de toutes les mères, sans distinction

Oxfam - Fête des mères 2014

Dans un récent courriel, Oxfam Québec invite à « fêter toutes les mamans, sans distinction ». C’est une proposition qu’on ne peut dédaigner étant donné la piètre condition de la femme au niveau international, ce qui a des répercussions dramatiques à tous les niveaux de la société. Toutefois, il convient d’être cohérent et de vraiment bien comprendre le sens de célébrer les mères sans distinction. Cela devrait signifier que quiconque est une mère mérite de voir ses droits de mère reconnus. Pourtant, croire que seulement les mères humaines ont un attachement à leur enfant (et inversement, que seuls les enfants humains ont un attachement à leur mère) est non seulement spéciste, mais carrément contraire au sens commun.

Si on oublie un instant le caractère capitaliste de la fête des mères moderne, pourquoi un tel évènement mérite d’être souligné? C’est que la situation des femmes, des mères et des enfants est particulièrement fragile en ce monde. Non seulement la pauvreté absolue et la précarité économique accablent une bonne partie de l’humanité, mais la maladie (alors que plusieurs d’entre elles sont peu coûteuses à traiter) et la violence sociale et domestique causent des drames sans nom dans de nombreuses familles. Le bilan mondial est qu’un très grand nombre de mères n’ont toujours pas la chance d’élever leurs enfants dans des conditions sécuritaires, saines et propices à l’épanouissement. À cet égard, Oxfam accomplit un travail essentiel, même si le problème devrait être pris beaucoup plus au sérieux par les différents États du monde.

La situation des mères non humaines est semblable, sinon pire, d’autant plus qu’elle est systématiquement ignorée et dénigrée par la population générale — celle-ci étant après tout responsable de cette situation. Et si on s’inquiète de la situation des mères humaines, comment fermer les yeux sur celle des mères non humaines? Il ne devrait y avoir rien de choquant dans cette comparaison : chez plusieurs espèces animales, notamment les espèces sociales vouant beaucoup d’énergie à s’occuper de leurs petits, les mères sont dotées de puissants instincts maternels. Il n’y a rien d’anthropomorphique à admettre qu’il y a une violence dans le fait de priver ces animaux de vivre leur maternité. Il peut y avoir des différences entre la maternité humaine et la maternité non humaine, mais l’importance pour une mère d’élever et de protéger ses enfants, et pour les enfants d’avoir une mère, demeure fondamentale dans les deux cas. Lire la suite

Jour de la Terre: Adoptons une habitude réellement durable

pinata de baleine

Texte que j’ai co-écrit avec Élise Desaulniers, auteure de Je mange avec ma tête: les conséquences de nos choix alimentaires (Stanké 2011) et Vache à lait, dix mythes de l’industrie laitière (Stanké 2013). Publié originalement sur Penser avant d’ouvrir la bouche, republié sur Huffington Post Québec et repris intégralement ici.

En ce 22 avril, on nous invite à fêter la terre « en changeant nos habitudes ». Dans sa campagne québécoise, le Jour de la terre présente des piñatas en forme d’animaux sauvages contenant non pas des bonbons, mais des déchets : canettes d’aluminium, bouchons de plastique, mégots de cigarettes ou morceaux de verre. Le message de cette campagne, c’est que chaque petit geste compte et qu’il faut réduire son emprunte en réutilisant et en compostant.

Pourtant, ces petits gestes semblent bien insuffisants au regard de la catastrophe écologique annoncée. Alors que nos émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter et que nous sommes à la veille d’atteindre le point de non-retour en matière de crise environnementale, nous continuons à bouder un changement très concret qui entrainerait des bénéfices considérables. Lequel? Éliminer les protéines animales de notre alimentation.

Les chiffres sont sans équivoque. L’alimentation des végétaliens émet 7 fois moins de gaz à effet de serre que celle des omnivores. Adopter une diète sans viande ni fromage permet de réduire ses émissions de GES de 1,5 tonnes par année. C’est bien davantage (50 %) que remplacer son auto par un modèle hybride, sans compter les économies en eau potable, la réduction des intrants chimiques et l’impact sur l’utilisation de terres agricoles. Recycler sa canette de coca devient un geste bien futile quand on vient de manger une boulette de bœuf haché.

Comment la viande et le fromage peuvent-ils émettre autant de GES?

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