Donner des cadeaux: pour qui et pour quoi?

The Life You Can Save - The Pledge

Après avoir lu Sauver une vie de Peter Singer il y a six ou sept ans, j’ai pris la résolution de ne plus participer à la tradition d’offrir des cadeaux durant le temps des fêtes. À la place, j’offre en dons à des organismes l’équivalent que j’aurais dépensé en cadeaux pour mes proches, et je demande à mon entourage d’en faire autant au lieu de dépenser de l’argent pour mes cadeaux. La raison m’apparait fort simple: non seulement bien des choses peuvent nous faire plus plaisir que des cadeaux, mais nous dépensons trop en futilités alors que ces mêmes ressources pourraient radicalement améliorer le sort de nombreuses personnes dans le monde.

Singer - Sauver une vie

Même si mon geste a été la plupart du temps bien accueilli dans ma famille, je rencontre encore des gens qui restent perplexes, ou encore, qui sont intéressés par l’idée mais qui craignent les réactions de leurs proches. Un ami m’a donc invité à écrire sur le sujet, ce que j’ai décidé de faire malgré que ma suggestion tombe sans doute trop tard pour ce Noël 2014. Mais c’est un sujet important, qui sera utile en tout temps.

Je propose ici de discuter des raisons pour faire des dons plutôt que d’offrir des cadeaux, je propose quelques organismes et références, je me penche sur quelques réactions que notre entourage peut avoir, et je soulève d’autres raisons pour remettre en question la tradition de remettre des cadeaux. Et j’en profite pour vous souhaiter de Joyeuses Fêtes!

Donner à ceux et celles qui en ont le plus besoin

Sur ma page concernant l’aide humanitaire, j’ai déjà soulevé différentes raisons de se préoccuper de la pauvreté absolue et j’ai relevé quelques statistiques saisissantes sur le sujet, mais il est toujours important de revenir sur ce problème très préoccupant. La pauvreté absolue représente le fait d’avoir moins de 1$ (en pouvoir d’achat local) par jour et elle s’avère beaucoup plus répandue qu’on le pense. Les inégalités socio-économiques sont effectivement criantes et excessives en ce monde, comme on peut le voir dans cette représentation de la distribution de la richesse: Lire la suite

La fête de toutes les mères, sans distinction

Oxfam - Fête des mères 2014

Dans un récent courriel, Oxfam Québec invite à « fêter toutes les mamans, sans distinction ». C’est une proposition qu’on ne peut dédaigner étant donné la piètre condition de la femme au niveau international, ce qui a des répercussions dramatiques à tous les niveaux de la société. Toutefois, il convient d’être cohérent et de vraiment bien comprendre le sens de célébrer les mères sans distinction. Cela devrait signifier que quiconque est une mère mérite de voir ses droits de mère reconnus. Pourtant, croire que seulement les mères humaines ont un attachement à leur enfant (et inversement, que seuls les enfants humains ont un attachement à leur mère) est non seulement spéciste, mais carrément contraire au sens commun.

Si on oublie un instant le caractère capitaliste de la fête des mères moderne, pourquoi un tel évènement mérite d’être souligné? C’est que la situation des femmes, des mères et des enfants est particulièrement fragile en ce monde. Non seulement la pauvreté absolue et la précarité économique accablent une bonne partie de l’humanité, mais la maladie (alors que plusieurs d’entre elles sont peu coûteuses à traiter) et la violence sociale et domestique causent des drames sans nom dans de nombreuses familles. Le bilan mondial est qu’un très grand nombre de mères n’ont toujours pas la chance d’élever leurs enfants dans des conditions sécuritaires, saines et propices à l’épanouissement. À cet égard, Oxfam accomplit un travail essentiel, même si le problème devrait être pris beaucoup plus au sérieux par les différents États du monde.

La situation des mères non humaines est semblable, sinon pire, d’autant plus qu’elle est systématiquement ignorée et dénigrée par la population générale — celle-ci étant après tout responsable de cette situation. Et si on s’inquiète de la situation des mères humaines, comment fermer les yeux sur celle des mères non humaines? Il ne devrait y avoir rien de choquant dans cette comparaison : chez plusieurs espèces animales, notamment les espèces sociales vouant beaucoup d’énergie à s’occuper de leurs petits, les mères sont dotées de puissants instincts maternels. Il n’y a rien d’anthropomorphique à admettre qu’il y a une violence dans le fait de priver ces animaux de vivre leur maternité. Il peut y avoir des différences entre la maternité humaine et la maternité non humaine, mais l’importance pour une mère d’élever et de protéger ses enfants, et pour les enfants d’avoir une mère, demeure fondamentale dans les deux cas. Lire la suite