Spécisme et capacitisme: quand l’intelligence se fait violence

Autoportrait avec poulets, par Sunaura Taylor. (2008)

Autoportrait avec poulets, par Sunaura Taylor. (2008)

Reproduction de ma conférence éponyme donnée le 22 août 2015 à Montréal dans le cadre de la Journée mondiale pour la fin du spécisme.


L’idéologie spéciste trace une frontière étanche entre les êtres humains et les autres animaux pour de nombreuses raisons, mais l’une des plus communes relève de sa manière de définir l’humanité. Lorsqu’on demande ce qu’il y a de si différent, de si particulier, de si incroyable dans l’être humain pour le distinguer des autres animaux, le spécisme va souvent faire appel à des distinctions comme « les êtres humains sont intelligents, ont une conscience de soi, sont capables de faire de l’art et d’entreprendre des luttes politiques ».

Les animaux, eux, ne possèdent pas ces qualités, et de ce fait, ils seraient inférieurs aux êtres humains. Leur valeur morale serait moins grande et ce ne serait pas très grave de les exploiter, car la richesse de leur vie est vraiment moindre.

Comme vous pouvez vous en douter, cet argument spéciste est médiocre. Mais sa conséquence n’est pas seulement de justifier l’oppression des animaux, mais aussi de perpétuer la marginalisation de nombreux humains qui ne répondent pas à ces caractéristiques, notamment les personnes ayant des déficiences intellectuelles. Cette marginalisation est nommée le capacitisme, c’est-à-dire la discrimination en fonction des capacités des gens, que ce soit des capacités intellectuelles, physiques ou affectives. (En anglais, on dit ableism.)

Je propose ici de discuter de certains liens entre les arguments spécistes et ses conséquences capacitistes ainsi que des attitudes et arguments capacitistes que l’on retrouve même parmi les partisans des droits des animaux. Je crois qu’il est essentiel que les antispécistes, s’ils souhaitent abolir toutes les formes d’oppression, ne reproduisent pas des schèmes de pensée avantageant les personnes non handicapées et neurotypiques et reconnaissent la marginalisation et l’oppression que subissent encore de nos jours les personnes en situation de handicap. De plus, comme je l’expliquerai, le capacitisme est aussi présent au sein de l’éthique animale et nous devons le dénoncer.

L’argument des cas marginaux revisité

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Conférences jusqu’à la mi-2015

La librairie Zone Libre, à Montréal, accueillera un atelier autour du lire

La librairie Zone Libre, à Montréal, accueillera un atelier autour du livre « La libération animale » et possède aussi une belle collection sur l’éthique animale et le véganisme. (Image tirée du site de Québec Sceptiques.)

Mes conférences sont tenues à jour sur la page éponyme, mais voici de plus amples détails sur celles à venir (et deux qui ont eu lieu), incluant d’autres interventions publiques:

  1. Entrevue radio à l’émission Demain l’humanisme, 27 janvier
  2. « L’animal comme médium? Réflexions sur l’art et l’éthique animale », Université de Montréal, 16 mars
  3. Présentation de mes recherches doctorales, Queen’s University, 27 mars
  4. Thé-causerie sur le droit des animaux et le droit environnemental, restaurant Végo, 30 mars
  5. Conférence sur le végétalisme, Cégep de Sainte-Foy, 10 avril
  6. Conférence sur le végétalisme, Cégep de l’Outaouais, 22 avril
  7. Atelier autour de La libération animale, Librairie Zone Libre, 29 avril
  8. « Le nombre de victimes ou la souffrance des victimes? », Université Rennes II, 28 mai
  9. « Peut-on reconnaître l’autonomie et la citoyenneté animales? Dialogue sur les droits politiques des animaux », Université de Lyon III, 4 juin
  10. « Peut-on reconnaître l’autonomie et la citoyenneté animales? », Paris, 5 juin
  11. « Le nombre de victimes ou la souffrance des victimes? », Congrès de la Société de philosophie analytique, 19 juin
  12. Défense de projet de thèse, Queen’s University, juin

Voir les détails ci-dessous.

1. Entrevue radio à l’émission Demain l’humanisme

Au début janvier, j’ai accordée une entrevue radio à l’émission Demain l’humanisme qui a été diffusée le 27 janvier (et reprise le 28 janvier) sur les ondes de Radio VM. En 28 minutes, je parle de véganisme, d’éthique animale, de l’intérêt à ne pas mourir et du mouvement de défense animale. L’entrevue a été réalisée par l’animateur Mario Bard. Cliquez sur l’image suivante pour écouter l’entrevue:

radio vm

2. L’animal comme médium? Réflexions sur l’art et l’éthique animale (privée)

J’ai été invité à donner une présentation sur l’éthique animale dans le cadre d’un cours universitaire en histoire de l’art à l’Université de Montréal. La conférence n’était cependant pas ouverte au public, mais il serait possible de la donner à d’autres contextes. Ma présentation visait à offrir des outils conceptuels afin d’analyser l’utilisation d’animaux dans la création artistique, et en particulier dans des contextes qui ont provoqué des scandales. La professeure Julia Roberge Van Der Donckt, doctorante en histoire de l’art, s’est chargée de relever plusieurs oeuvres qui ont marqué les milieux artistiques dans de tels contextes.

éthique animale et art

3. Dissertation Research Seminar: Animals and the Problem of Rational Autonomy

Comme tous les étudiant-e-s de doctorat de mon programme, je participerai à mon tour à la série des conférences étudiantes du département de philosophie. Ma présentation est prévue pour le vendredi 27 mars et portera sur l’avancée de mes recherches doctorales, et plus particulièrement sur un problème que j’aborde durant ma thèse.

Image d'arrière-plan de JoAnne McArthur

Image d’arrière-plan de JoAnne McArthur

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Donner des cadeaux: pour qui et pour quoi?

The Life You Can Save - The Pledge

Après avoir lu Sauver une vie de Peter Singer il y a six ou sept ans, j’ai pris la résolution de ne plus participer à la tradition d’offrir des cadeaux durant le temps des fêtes. À la place, j’offre en dons à des organismes l’équivalent que j’aurais dépensé en cadeaux pour mes proches, et je demande à mon entourage d’en faire autant au lieu de dépenser de l’argent pour mes cadeaux. La raison m’apparait fort simple: non seulement bien des choses peuvent nous faire plus plaisir que des cadeaux, mais nous dépensons trop en futilités alors que ces mêmes ressources pourraient radicalement améliorer le sort de nombreuses personnes dans le monde.

Singer - Sauver une vie

Même si mon geste a été la plupart du temps bien accueilli dans ma famille, je rencontre encore des gens qui restent perplexes, ou encore, qui sont intéressés par l’idée mais qui craignent les réactions de leurs proches. Un ami m’a donc invité à écrire sur le sujet, ce que j’ai décidé de faire malgré que ma suggestion tombe sans doute trop tard pour ce Noël 2014. Mais c’est un sujet important, qui sera utile en tout temps.

Je propose ici de discuter des raisons pour faire des dons plutôt que d’offrir des cadeaux, je propose quelques organismes et références, je me penche sur quelques réactions que notre entourage peut avoir, et je soulève d’autres raisons pour remettre en question la tradition de remettre des cadeaux. Et j’en profite pour vous souhaiter de Joyeuses Fêtes!

Donner à ceux et celles qui en ont le plus besoin

Sur ma page concernant l’aide humanitaire, j’ai déjà soulevé différentes raisons de se préoccuper de la pauvreté absolue et j’ai relevé quelques statistiques saisissantes sur le sujet, mais il est toujours important de revenir sur ce problème très préoccupant. La pauvreté absolue représente le fait d’avoir moins de 1$ (en pouvoir d’achat local) par jour et elle s’avère beaucoup plus répandue qu’on le pense. Les inégalités socio-économiques sont effectivement criantes et excessives en ce monde, comme on peut le voir dans cette représentation de la distribution de la richesse: Lire la suite