Que signifie le bien-être animal?

ferme fisher priceOn entend parler d’élevage éthique, de viande heureuse, de bien-être animal, de tuer avec respect : une panoplie d’expressions généralement utilisées de manière interchangeable et qui ont malheureusement perdu leur sens. En effet, le problème est que le sens de ces mots se voit à la fois approprié par ceux-là même qui exploitent les animaux, et à la fois dilué dans le discours populaire, celui-ci étant fortement marqué par l’idéologie dominante qu’est le spécisme.

Le spécisme représente la discrimination envers les animaux (autrement dit, faite sur la base de l’appartenance à l’espèce animale). Par exemple, un spéciste affirmera que parce que les animaux ne sont pas humains, ils peuvent être soumis à des règles morales beaucoup moins rigides; un spéciste pensera aussi que certaines espèces animales, comme les chats et les chiens, ne possèdent pas le même statut moral que d’autres espèces, comme les rats, les cochons ou les poissons.

Le mouvement du bien-être animal est ainsi caractérisé par le spécisme, ce qui a pour conséquence que les différents termes employés n’ont pas le sens qu’on pourrait leur prêter dans un contexte humain. Voici quelques exemples.

Le bien-être animal et ses déclinaisons

Le bien-être animal

Le mouvement du bien-être animal (ou réformisme, et en anglais « welfarisme ») consiste à réduire la souffrance infligée aux animaux domestiqués, mais sans remettre en question l’exploitation animale en tant que telle. En d’autres mots, les partisans du bien-être animal ne voient pas de problèmes à utiliser les animaux comme des ressources pour servir n’importe quel désir humain, à condition de ne pas leur causer « trop » de souffrance. En général, ils ne voient pas la domination, la perte d’opportunités et la mise à mort comme des problèmes moraux, pour autant que la souffrance soit minimisée. Pourtant, dans un contexte humain, s’intéresser au bien-être d’une personne serait incompatible avec le fait de la tuer ou de l’enfermer, et à plus forte raison si on prétendait le faire pour son bien.

Lire la suite

John Oswald (1730-1793)

On accuse souvent ceux qui défendent les droits des animaux de vouloir imposer leur vision au reste du monde comme le veut l’impérialisme occidental, avec des valeurs « eurocentristes » qui ne cadrent pas avec les différentes cultures du monde. Quelle accusation ironique,lorsqu’on sait qu’à peu près toutes les cultures ont leur tradition de compassion avec les animaux, ou à tout le moins une critique interne les invitant à un plus grand respect envers les non-humains! En réalité, c’est bien l’Europe et l’Occident, avec leur lourde histoire gravée par le christianisme, le cancre de la classe mondiale; c’est bien nous, avec notre héritage cartésien et thomiste de voir les animaux comme des machines ou des objets à notre disposition, qui avons propagé les pires traitements envers les animaux non humains et qui avons le plus insisté sur la suprématie humaine.

Je suis tombé sur John Oswald, auteur écossais du XVIIIe siècle qui, alors soldat en Inde pour la couronne britannique, avait décidé de démissionner après avoir vu les siens maltraiter les Indiens qui se révoltaient. Il a ensuite parcouru le continent, s’est familiarisé avec l’hindouisme et a adopté le végétarisme. De retour en son pays, il publie The Cry of Nature, un vibrant plaidoyer dans lequel il expose ce que l’hindouisme lui a appris comme leçon morale, que vous pouvez consulter sur le site de l’Union Végétarienne Internationale (en anglais).

Le frontispice de l'édition de 1791.

Le frontispice de la première édition.

Lire la suite