Et si on parlait trop de la souffrance des animaux?

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Illustration de page de droite par Julien Castanié.

Texte originalement écrit durant l’été 2016 puis publié dans Véganes magazine contreculturel, édition printemps-été 2017, p. 123-126. Ma récente conférence «Au-delà de la souffrance: quatre conceptions de l’animal», donnée le 23 janvier 2019 à l’UQAM, a été en partie inspirée par ce texte, même si mes réflexions ont beaucoup évolué depuis.

Réfléchir à l’autonomie des animaux non humains peut sembler bien frivole au regard des souffrances qu’ils endurent. Pourtant, à ne les considérer qu’en tant qu’êtres capables de souffrir, on manque sans doute l’essentiel.

Mes recherches doctorales en philosophie portent sur le concept d’autonomie que j’essaie, entre autres, d’appliquer aux animaux non humains. Je crois en effet que ces derniers ont, tout comme les humains (du moins, en théorie), le droit de faire les choix en ce qui concerne les pans fondamentaux de leur vie — le choix, entre autres, de déterminer où vivre, avec qui développer des relations et quoi faire de leurs journées. Je m’inspire également de la théorie de la citoyenneté animale développée par Sue Donaldson et Will Kymlicka qui suggère notamment de considérer les animaux domestiqués comme des membres à parts égales des sociétés humaines — ou plutôt, sociétés mixtes humaines-animales. Il importe donc de les voir comme des citoyens ayant le droit de participer à la vie sociale et politique de leur communauté ainsi que le droit d’influencer le vivre ensemble et de façonner l’espace public à leur image.

C’est bien beau tout ça, me dit-on, mais toutes ces questions et ambitions ne sont-elles pas frivoles, voire déplacées et indécentes, dans un monde qui tue chaque année des milliards d’êtres sensibles et qui ne sait pas reconnaître la différence morale entre un verre de jus d’orange et un verre de lait de vache? Lire la suite

Publications de l’automne 2015

Versus 02 couverture

Versus 2 paraîtra le 22 octobre à Montréal!

Je publie peu depuis quelques temps, car je me suis remis à temps plein dans mes recherches doctorales et je souhaite aussi apporter ma contribution au Réseau JASE et à Queen’s Animal Defence. En attendant que j’écrive d’autres textes originaux sur mon blogue, vous pouvez tout de même découvrir ailleurs quelques textes que j’ai écrits ou pour lesquels j’ai contribué. En résumé:

Entrevue dans le Huffington Post Québec

Le blogueur Jean-Christophe Pagé, qui se consacre à des questions de modes de vie alternatifs et aux mouvements de contre-culture pour le Huffington Post Québec, m’a invité à faire une entrevue sur mes recherches doctorales. Le texte, intitulé « L’autonomie des animaux: entrevue avec Frédéric Côté-Boudreau », a été publié le 13 septembre 2015. Extrait:

[Les animaux] ont des préférences individuelles, des affinités particulières et des personnalités qui leur sont propres – certains sont curieux et joueurs, d’autres prudents et casaniers. Pourquoi ne pas respecter leurs propres envies et leurs propres désirs?

Les animaux peuvent très bien avoir envie de développer des relations sociales avec certains plutôt que d’autres, ou bien choisir le type d’activités à faire dans leur journée, ou encore quel territoire explorer, etc. Cela peut paraître superflu lorsqu’on compare à de supposés projets de vie rationnels que les humains auraient, mais aux yeux des animaux ce sont les choses qui importent le plus.

HuffPost Québec autonomie des animaux

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Proposition de thèse acceptée: « Animals, Autonomy, and the Right to Make Personal Choices »

Cliquez sur l'image pour ouvrir le document intégral (30 pages).

Cliquez sur l’image pour ouvrir le document intégral (30 pages).

Ma deuxième année de doctorat à Queen’s University était consacrée à la préparation et à la défense d’une proposition de thèse. Cette défense a eu lieu le 23 juin dernier et ma proposition a été acceptée: j’ai donc reçu l’aval de mon comité pour travailler sur l’application aux animaux non humains du droit de faire des choix personnels, un droit qui invite à la discussion sur des concepts tels que l’autonomie, la liberté, le paternalisme, l’éducation et les préférences adaptatives. Il s’agit de la continuité de mon mémoire de maîtrise, à la différence que je propose cette fois d’avancer un critère qui permette de déterminer quand il faut laisser un animal ou un humain faire ses choix personnels et quand il peut être justifié d’intervenir. Ce problème occupera l’essentiel de mes deux prochaines années de mes recherches universitaires!

Le texte de 25 pages présentant mon projet, sa pertinence et sa structure prévue est maintenant en ligne sur Academia.edu au nom de: « Animals, Autonomy, and the Right to Make Personal Choices (Dissertation Proposal—2015) ». Ce travail se trouve uniquement en anglais, étant donné que je poursuis mes études dans cette langue, mais j’ai traduit plus bas le paragraphe d’introduction:

Abstract: What kind of life do animals want to lead? Surprisingly, this kind of question is rarely addressed in animal ethics, and my proposed project is to explore this gap within a liberal framework. More specifically, I intend to extend to animals the right to make personal choices, a right that is usually closely tied to the notion of autonomy. According to the most influential conceptions of autonomy, however, animals cannot be considered autonomous in any significant sense, which implies that they are denied the rights to make personal choices, to shape their lives, or to have any control whatsoever over what to do, where to live, who to engage with, what to eat, and so on. This project therefore calls for a critical examination of the concepts of autonomy, liberty, and paternalism, and it explores their relation to sentient beings who lack meta-cognitive abilities—which most animals are.

Résumé: Quelle vie les animaux veulent-ils mener? Étonnamment, ce type de questions est rarement discuté en éthique animale, et le projet que je propose est d’explorer ce manque au sein du paradigme libéral. Plus précisément, j’ai l’intention d’accorder aux animaux le droit de faire des choix personnels, un droit généralement étroitement associé à la notion d’autonomie. Selon les conceptions de l’autonomie les plus influentes, cependant, les animaux ne peuvent d’aucune manière être considérés autonomes, ce qui implique qu’ils se voient refuser les droits de faire des choix personnels, de façonner leur vie, ou d’avoir quelconque contrôle au sujet de ce qu’ils peuvent faire, où ils peuvent vivre, avez qui faire des activités, quoi manger, etc. Ce projet appelle ainsi à un examen critique des concepts d’autonomie, de liberté et de paternalisme, et explore leurs liens auprès d’être sentients dépourvus de capacités métacognitives — ce qui correspond à la plupart des animaux.

Lire le projet de thèse pour en connaître davantage. Prière de ne pas citer ou utiliser ce travail sans permission (écrivez-moi pour en discuter).

Diapositives de Peut-on reconnaître l’autonomie et la citoyenneté animales?

Couverture de ma présentation à Lyon et Paris. Crédit photo: Jo-Anne McArthur

Cliquez sur l’image pour accéder à l’intégralité des diapositives (58 pages).

À des fins de consultation, les diapositives des conférences que j’ai données les 4 et 5 juin à Lyon et Paris respectivement sont maintenant en ligne: « Peut-on reconnaître l’autonomie et la citoyenneté animales? » (58 pages, format PDF). Les transitions ont naturellement dues être effacées afin de faciliter la lecture. Lire la suite