Lorsqu’il est impossible d’être végétalien

« Le véganisme n'est pas un sacrifice, c'est une joie! » Mais si c'était plus difficile dans certains cas?

« Le véganisme n’est pas un sacrifice, c’est une joie! » Mais si c’était plus difficile dans certains cas?

On peut être d’accord avec les arguments en faveur du véganisme et des droits des animaux, mais toutefois avoir de la difficulté à les mettre en pratique. La plupart du temps, ces difficultés sont d’ordre psychologique et social. C’est pourquoi j’ai proposé différents trucs pour faire la transition (ainsi que des ressources) et j’encourage ceux et celles qui se sentent isolé-e-s à se lier d’amitié avec d’autres véganes.

Pour d’autres personnes, en revanche, les difficultés à devenir végétalien sont plutôt d’ordre médical ou biologique. Même si l’Association des diététistes des États-Unis affirme qu’ « une alimentation végétalienne bien planifiée et les autres types d’alimentations végétariennes sont appropriés à toutes les périodes de la vie, y compris la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance, et l’adolescence » et que ce message est corroboré par de nombreuses institutions sérieuses à travers le monde, il pourrait exister des exceptions. Que ce soit à cause d’allergies, d’intolérances, de maladies ou autres problèmes de santé, il semble que les défis à la transition vers le végétalisme ne soient pas les mêmes pour tous. Ces cas sont sans doute assez rares, mais ils existent bel et bien. Dans ces circonstances, que peut-on faire?

Dans ce billet, j’explore certaines avenues possibles pour aider de telles personnes à faire le maximum pour devenir végétaliennes. Certaines de ces idées seront controversées et d’autres demeurent irréalistes pour l’instant, mais justement, l’important est que ce soit discuté et que nous cherchions des solutions. Car le but n’est ni d’abandonner ces personnes en continuant de prétendre que le végétalisme est facile universellement, ni de laisser croire qu’il n’y a aucune solution à ce problème! Alors voici les quelques possibilités que j’aborde et qui sont compatibles avec les droits des animaux:

À noter aussi que peu importe l’étendue et la gravité des allergies, intolérances et maladies compliquant le projet d’être végétalien, rien n’empêche d’adhérer théoriquement aux droits des animaux et de boycotter les autres formes d’exploitation animale. Par exemple, on peut avoir des obstacles médicaux à être végétalien mais cesser d’acheter des produits testés sur les animaux, d’aller au cirque et au zoo, de porter de la fourrure et du cuir, etc. — et surtout, on peut sensibiliser son entourage au sujet des droits des animaux et les encourager à devenir véganes (notamment s’ils n’ont pas d’excuse médicale!). Loin d’être hypocrite, il s’agit plutôt de promouvoir l’importance de ce projet moral et collectif tout en reconnaissant ses limites pour certaines personnes. Et comme je souhaite le suggérer, ces limites ne sont pas insurmontables.
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Jour de la Terre: Adoptons une habitude réellement durable

pinata de baleine

Texte que j’ai co-écrit avec Élise Desaulniers, auteure de Je mange avec ma tête: les conséquences de nos choix alimentaires (Stanké 2011) et Vache à lait, dix mythes de l’industrie laitière (Stanké 2013). Publié originalement sur Penser avant d’ouvrir la bouche, republié sur Huffington Post Québec et repris intégralement ici.

En ce 22 avril, on nous invite à fêter la terre « en changeant nos habitudes ». Dans sa campagne québécoise, le Jour de la terre présente des piñatas en forme d’animaux sauvages contenant non pas des bonbons, mais des déchets : canettes d’aluminium, bouchons de plastique, mégots de cigarettes ou morceaux de verre. Le message de cette campagne, c’est que chaque petit geste compte et qu’il faut réduire son emprunte en réutilisant et en compostant.

Pourtant, ces petits gestes semblent bien insuffisants au regard de la catastrophe écologique annoncée. Alors que nos émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter et que nous sommes à la veille d’atteindre le point de non-retour en matière de crise environnementale, nous continuons à bouder un changement très concret qui entrainerait des bénéfices considérables. Lequel? Éliminer les protéines animales de notre alimentation.

Les chiffres sont sans équivoque. L’alimentation des végétaliens émet 7 fois moins de gaz à effet de serre que celle des omnivores. Adopter une diète sans viande ni fromage permet de réduire ses émissions de GES de 1,5 tonnes par année. C’est bien davantage (50 %) que remplacer son auto par un modèle hybride, sans compter les économies en eau potable, la réduction des intrants chimiques et l’impact sur l’utilisation de terres agricoles. Recycler sa canette de coca devient un geste bien futile quand on vient de manger une boulette de bœuf haché.

Comment la viande et le fromage peuvent-ils émettre autant de GES?

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Québec solidaire aime les fromages d’ici

Je suis membre de Québec solidaire depuis de nombreuses années. Je trouve qu’il y a un besoin urgent de mettre l’environnement et la justice sociale au coeur des enjeux politiques. Québec solidaire me semble être le parti politique qui prend le plus au sérieux ces enjeux, sans craindre de paraître impopulaire auprès d’une bonne partie des électeurs et électrices québécois-e-s (voir leur plateforme électorale 2014 complète ici). Plutôt que de subordonner nos idéaux à des saveurs électoralistes, il faut tenter du mieux qu’on peut de sensibiliser la population au sujet de ces enjeux extrêmement importants. On n’a en effet pas de temps à perdre pour changer radicalement notre mode de vie polluant, réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes, respecter la diversité sexuelle et culturelle, protéger les plus vulnérables de nos sociétés, réduire les inégalités économiques et cesser les politiques néolibérales de l’austérité (déjà dénoncées par le FMI lui-même, par exemple ici et ici). Loin d’être irréaliste, le cadre financier de Québec solidaire est même équilibré et surtout beaucoup plus juste.

Or, récemment, Québec solidaire a fait paraître cette annonce accompagnée du texte suivant:

La tournée de Québec solidaire était de passage dans les Bois-Francs pour offrir son appui aux fromagers québécois qui feront face aux conséquences du nouvel accord commercial avec l’Europe, les exposant aux exportations ultra subventionnées.

Un gouvernement solidaire exigera du gouvernement fédéral de répondre aux demandes minimales des fromagers avec une compensation de 300 millions $.

québec solidaire - pour l'amour des fromages d'ici

Non seulement l’antispéciste mais aussi l’écologiste en moi ont été choqués par cette proposition. Bien sûr, je sais très bien qu’aucun parti ne saurait représenter l’entièreté de mes convictions, mais je crois que le dialogue vaut la peine d’être initié avec un parti aussi progressiste et l’inviter à évoluer encore plus. Plusieurs de mes amis véganes ont eu la même réaction que moi et ont déjà partagé leurs raisons de ne pas être d’accord avec cette politique, et je reprends ici certains de ces arguments afin de les rendre plus accessibles et pour pouvoir les citer à l’occasion. Je trouve en effet qu’il s’agit d’une belle occasion pour sensibiliser des personnes progressistes et les encourager à faire mieux.

Le fromage n’est pas écologique

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