Conférences mi-2016

Animaux, capitalisme et environnement - bannière

Avec rédaction de thèse et préparation de conférences, mon temps a été très chargé cette année et continue en effet à l’être. Voici un aperçu de ce qui m’attend les prochains mois: deux conférences au Canada en juin, séjour de recherches en Australie durant l’été et conférence aux Pays-Bas en novembre. Informations ci-contre:

Animaux, capitalisme et environnement

Conférerence-discussion organisée par L’Amarante, Coopérative de Solidarité en collaboration avec le Réseau JASE et animée par Christiane Bailey et présentée au CCSE Maisonneuve dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal. Il s’agira d’une occasion unique pour le public montréalais d’assister à une présentation du sociologue critique Dinesh Wadiwel (professeur à University of Sydney et directeur du Master of Human Rights) qui y donnera une conférence intitulée The Werewolf: Animals under Capitalism. Il y aura également Andrea Levy (docteure en histoire, membre du comité de rédaction du magazine Canadian Dimension et membre des Nouveaux cahiers du socialisme) qui présentera Nature morte: le mouvement environnemental et la justice animale, un état des lieux.

Évènement gratuit (contribution volontaire) avec repas servis.

Pour ma part, j’aurai le plaisir de présenter une conférence sur le thème suivant:

Vers des relations post-capitalistes avec les animaux

La plupart de nos relations avec les animaux sont des relations d’exploitation ou d’appropriation : dans le cas des animaux domestiqués, on les enferme, on les insémine, on les engraisse, on les achète et on les vend, on les tue et on les transforme en divers produits de consommation. On s’approprie leur corps, leur travail, leur vie et celle de leurs enfants. Les animaux non domestiqués, quant à eux et s’ils ne sont pas chassés, pêchés ou empoisonnés, se voient plutôt dépossédés de leur habitat et de ce qu’ils ont besoin pour vivre sainement, car les humains considèrent que toute la planète et ce qui y habite leur appartient.

Et si ces animaux étaient plutôt considérés comme des individus à part entière? De quoi aurait l’air des sociétés où les animaux ne sont plus considérés comme des marchandises que l’on peut acheter, faire fructifier et vendre, ou des ressources naturelles à exploiter?

Dans nos relations avec les animaux qui font partie de nos sociétés, je tenterai d’imaginer des formes de collaboration et de travail qui ne seraient plus basées sur la domination et l’exploitation et qui permettraient aux animaux de développer et d’exprimer leur propre agentivité.

Dans nos relations aux animaux vivant librement (dits « sauvages »), il nous faudra penser des formes de partage du territoire, voire de décolonisation. En effet, considérant qu’à l’heure actuelle toute exploitation de ressources naturelles (renouvelables et non renouvelables) entraîne des morts considérables, il nous faudra prendre acte que le développement durable n’est guère suffisant et que nous devrions sans doute envisager la décroissance pour des raisons antispécistes.

Pour bâtir un monde qui n’est plus fondé sur l’exploitation des individus et dans lequel tous et toutes peuvent s’épanouir, nous devons en effet radicalement remettre en question les assises de notre système économique.

Plus d’informations disponibles ici et ici.

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Vers un monde végane (3): les défis économiques — partie 2

Voir par ici la première partie sur les défis économiques de l’adhésion à un monde végane.

L’obstacle politique des lobbys

Malheureusement, toute la bonne volonté ne suffit pas toujours, et ce, même si elle est partagée par une majorité de citoyen-ne-s. Pour mettre en pratique ce projet, il faudra affronter les lobbys de l’exploitation animale. Ils font partie, j’en ai bien peur, des lobbys les puissants du monde en ce qu’ils recoupent autant les secteurs agro-alimentaires, pharmaceutiques, biotechnologiques, militaires, de divertissement, de chasse (et donc, d’armes à feu) et de mode. Ce n’est pas pour rien que Barbara Noske a développé la notion de complexe animal industriel pour référer à ce croisement d’intérêts économiques très puissants investis dans l’exploitation animale.

Ce pouvoir leur permet plusieurs formes de résistance aux changements: bloquer des projets de loi qui amélioreraient la protection animale (comme l’a documenté John Sorenson dans le cas canadien concernant la loi sur la cruauté animale); écrire de nouvelles lois (comme les fameuses lois ag-gag aux États-Unis qui veulent criminaliser l’espionnage des élevages ou des dispositions antiterroristes qui ciblent des formes d’actions directes pacifiques du mouvement animaliste et écologiste, comme le documente Will Potter dans Green is the New Red); poursuivre en justice les initiatives les menaçant (comme la poursuite contre la végénaise de Hampton Creeks, qui a échoué); octroyer des protections spéciales à leurs activités (comme la gestion de l’offre dans la production laitière et de volaille, au Canada, ou encore laisser l’expérimentation animale s’autoréguler dans les universités canadiennes); influencer la recherche scientifique et les recommandations gouvernementales (comme on l’a vu avec le rapport pour le guide alimentaire américain de 2015, qui s’est vu censuré parce qu’il préconisait de réduire les protéines animales pour des raisons diététiques et environnementales, ou encore les études anti-soya et pro-viande promues par le Weston Price Foundation); et manipuler l’opinion publique, à travers des campagnes d’éducation (ou plutôt, de désinformation) et de marketing (d’où l’intérêt de la page Je suis une pub spéciste). Bien que la puissance des lobbys diffère d’un pays à l’autre, ceux-ci semblent omniprésents et presque omnipotents dans les politiques de la plupart des États modernes.3

Le lobby laitier, une industrie particulièrement présente dans le paysage publicitaire.

Le lobby laitier, une industrie particulièrement présente dans le paysage publicitaire.

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Vers un monde végane (3): les défis économiques — partie 1

© Joe Ahlquist/Reuters

© Joe Ahlquist/Reuters

Je fais partie d’un mouvement social qui milite pour l’égalité animale, ce qui implique l’abolition de l’exploitation des animaux et de toutes formes de domination à leur égard. Cet idéal parait bien utopique et absurde à la plupart de mes contemporains, et pourtant, ce mouvement continue de grandir mondialement. Arriverons-nous un jour à véganiser la société?

Pour répondre à cette question, je propose une série de billets portant sur le projet de créer un monde végane qui reconnaitrait les animaux en tant qu’égaux des humains. Quels sont les obstacles que nous pourrions rencontrer? Quelles seraient les transformations que nos sociétés devront opérer? De quoi aurait l’air une société végane et antispéciste? Et est-ce seulement un projet réaliste? J’aborderai ainsi les thèmes suivants:

  1. la transition sociale
  2. la représentation artistique et politique
  3. les défis économiques
  4. le rapport à la nature
  5. la médecine
  6. les relations internationales et interculturelles.

La plupart des plaidoyers en faveur l’abolition de l’exploitation animale s’en tiennent à l’argumentation morale puis donnent quelques conseils pour la transition individuelle. Pourtant, la transition d’une société entière entraînerait des changements majeurs dans différents secteurs économiques, et si cette situation n’est pas davantage prise au sérieux, le changement rencontrera plus de résistance et risquera aussi de mener à d’autres problèmes de société. Après tout, les véganes se font souvent accuser d’entraîner du chômage en voulant abolir l’élevage, et il nous faut pouvoir répondre à cette objection. Je propose donc de faire ici une esquisse des changements économiques et de possibles solutions à explorer, en discutant notamment:

Partie 1:

Partie 2:

Compassion by the Pound Lire la suite