La portée morale et politique de la capacité à éprouver du plaisir

Élan léchant de la neige - Mark Peter

Un élan attrapant des flocons de la neige avec sa langue. © Mark Peters.

La prédominance et l’omniprésence de la souffrance

À la fin de mon précédent billet sur l’antiperfectionnisme, je soulevais que l’éthique animale est presque monopolisée par la question des devoirs négatifs, c’est-à-dire des devoirs de ne pas nuire à autrui. Étant donné les tortures indicibles que l’on inflige à un nombre vertigineux d’animaux non humains — et ce, pour satisfaire des caprices totalement triviaux — il est normal de consacrer autant d’efforts pour expliquer à nos contemporains pourquoi les animaux ont un intérêt à ne pas souffrir et à ne pas être tués. Puisque ces notions ne vont pas encore de soi, il est primordial de devoir les répéter, autant de fois que nécessaire et de différentes manières, et de toute urgence.

En revanche, la vie des animaux ne saurait se réduire à éviter la souffrance. Elle est en effet beaucoup plus complexe, étant mue par la recherche de stabilité et de confort mais aussi d’expériences agréables et enrichissantes et par la création de relations privilégiées avec autrui. Ainsi, même si on cessait de faire souffrir et de tuer les animaux de manière directe, cela ne signifie pas pour autant que l’on remplisse toutes nos obligations à leur endroit. C’est pourquoi il faut aussi être conscient des préjugés que l’on risque de renforcer en véhiculant un discours qui se limite à ne pas faire de mal aux animaux: il faut aussi parvenir à expliquer que ce qui constitue leur vie est digne d’être valorisé et respecté.

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Regarder l’animal: compte-rendu de We Animals

Article rédigé avec Marie-Noël Gingras et originalement publié le 11 janvier 2014 sur le blogue Vert et fruité désormais fermé. Voici la reproduction intégrale.

Cliquez sur l'image pour accéder au compte-rendu.

Un cliché, malheureusement trop courant, est que pour se préoccuper des animaux il faut d’abord les aimer. L’exploitation animale représente pourtant un problème qui devrait toucher tout le monde. Il est donc important que chacun se sensibilise à la question; pour ce faire, j’ai trouvé que le nouveau livre We Animals de la photographe torontoise Jo-Anne McArthur est fort pertinent!

Pendant plus de dix ans, McArthur a traversé le monde pour témoigner de ce que subissent les animaux à notre époque. Son portrait est, il faut se l’avouer, bouleversant. Au fil des chapitres, elle nous amène à prendre conscience de cette réalité que l’on a trop tendance à négliger, voire à ignorer.Tout autour de nous, les animaux se voient exploités : pour certaines formes de divertissements et pour les vêtements; pour devenir de la nourriture; pour tester des produits domestiques ou des médicaments; et pour conduire des recherches scientifiques.

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Veau naissant dans une ferme biologique en Espagne, 2010.

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